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Croix-Rouge de Belgique

La crise sanitaire et l’augmentation du prix de l’énergie précipitent 1 belge sur 4 dans la précarité et l’isolement. C’est le cas de Juliette, 83 ans, qui n’a plus personne avec qui partager son quotidien. Grâce à votre soutien, la Croix-Rouge aide les personnes fragilisées au plus proche de leurs besoins.

« Je m’étonne de vous raconter une histoire comme celle-ci, la mienne.

 Je suis maman de 2 enfants, et presque une maman de 27 autres. Oui, car j’ai été famille d’accueil toute ma vie. J’ai accueilli des enfants de 4 mois à 12 ans. Du lundi au vendredi, les parents de la région venaient me les déposer pendant les heures de bureau.

À chaque fois, beaucoup d’amour et aussi beaucoup de tristesse au moment des adieux. C’est dur, mais c’est la règle avec les enfants, les voir partir.

Tout ça pour dire que toute ma vie, j’ai été fort occupée. L’agenda débordait, et ma tête était toujours remplie. Je n’avais jamais le temps. J’étais toujours en retard pour le malheur de mon mari ou celui de ma meilleure amie.

Et bien, vous savez quoi, maintenant je donnerais tout pour être à nouveau en retard, pour avoir un rendez-vous, une personne qui m’attend quelque part. 

J’ai 83 ans et c’est fini l’époque de l’agenda. J’en achète plus, il resterait vide et ça, ça donne le vertige.

Mon mari n’est plus là depuis quelques années. Et là, ma copine non plus. Elle s’est fait avoir par ce salaud de Covid. 

Je n’ai plus personne avec qui partager mon quotidien, alors le temps s’allonge. 

Il me reste mon petit jardin et mes poireaux que je fais pousser, ça m’occupe. Ils me rassurent et surtout ils me permettent de préparer de délicieuses soupes. Pour les quelques fois où mon fils ou ma fille ont le temps de passer me voir. Ils sont fort occupés et n’habitent pas à côté. Ce n’est pas si souvent qu’ils sont là et les soirs à la maison, il n’y a jamais personne.

Je n’aime pas arriver au soir, en pensant au lendemain j’ai la gorge qui se serre. Je n’arrive pas à dormir, ça tourne en rond dans la tête. J’aimerais encore partager des soirées, quelques sourires, sentir que je sers encore à quelque chose.

La société continue d’avancer, mais sans moi. Mes rendez-vous avec Sandrine de la Croix-Rouge je les prépare et je les attends un jour avant. Un seul rendez-vous me permet plusieurs choses : de vivre ce moment, de rencontrer, de rigoler, d’éviter de ressasser. Ce rendez-vous me permet surtout de le voir venir, de le rêver, de savoir que j’ai quelque chose qui va m’arriver. Une fois que la rencontre est passée, je me rappelle de ces instants, et ça me rend heureuse. Le soir, je peux faire revivre le souvenir de ces moments. Parfois quand il fait beau on se promène, et s’il fait froid, on joue aux cartes, on fait la causette au coin d’une tasse de thé.

Mon rêve serait d’être tous les jours lundi, le jour où Sandrine de la Croix-Rouge vient me dire bonjour et passer du temps avec moi. Et je pourrais même me permettre d’être à nouveau en retard ! »

Ensemble, nous pouvons agir

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