Fermeture du Train Hostel : des familles, des bébés, des enfants renvoyés à la rue
Ce 31 mars, le centre d’hébergement Train Hostel fermera ses portes après une année d’activité sans interruption. Un véritable drame humanitaire qui inquiète vivement la Croix-Rouge de Belgique, qui coordonne le centre en partenariat avec Médecins du Monde.
L’ancien hôtel, proche de la gare de Schaerbeek, a ouvert ses portes en avril 2023, pour un public sans-abri majoritairement composé de familles avec enfants. Un public particulièrement vulnérable pour lequel aucune solution n’existe, le secteur de l’accueil étant complètement saturé à Bruxelles.
Le plus jeune des enfants n’a que quelques semaines. Les plus grands, qui sont scolarisés, ne retourneront probablement plus à l’école s’ils n’ont plus de foyer. Des femmes enceintes resteront sans soins, tout comme les personnes qui souffrent de maladies chroniques. 607 personnes ont été accueillies au Train Hostel depuis l’ouverture, dont 136 en famille.
La situation pour les familles est extrêmement préoccupante. Seulement deux solutions de relogement ont été trouvées via le Samusocial.
“C’est très dur psychologiquement. Je n’en dors plus… Même si l’intention n’était pas de rester pendant des mois et des mois, j’espérais avoir un peu plus de temps pour trouver des solutions adéquates pour ma famille. La fermeture du centre me remet dans la même situation que quand je suis arrivée ici. Cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête : perdre mes enfants. Si je ne trouve pas une solution d’ici la fermeture, mes enfants seront placés”, témoigne une maman seule de 4 enfants, qui souhaite rester anonyme.
A Schaerbeek, les autorités belges ont signé un bail de deux ans avec le propriétaire des lieux ; le projet est financé pour partie par le gouvernement fédéral et la Région bruxelloise.
« Aujourd’hui à Bruxelles, des enfants dorment tous les jours dans la rue. Quotidiennement, en moyenne, trois familles sans solution d’hébergement se présentent au Hub Humanitaire (NDLR: accueil de jour coordonné par la Croix-Rouge de Belgique). Les équipes sur place font le maximum mais ont rarement des solutions pour tout le monde. Chaque jour, nous devons remettre des familles, parfois avec de très petits enfants, à la rue faute de place » explique Mélanie Trémel, directrice adjointe de la Croix-Rouge pour Bruxelles
Dans ce contexte de sursaturation du secteur de l’hébergement, les 200 places supplémentaires, annoncées par le gouvernement bruxellois la semaine passée, ne vont sans doute pas résoudre le problème…
L’intérêt d’un accueil d’urgence de plus longue durée consiste justement à apporter un accompagnement individuel des personnes sans-abri et à rechercher des solutions durables pour retrouver une stabilité et un accès aux droits.
Pour mémoire, au 1er mars, la fin du dispositif Grand Froid a déjà conduit à la fermeture du centre d’hébergement d’urgence à Anderlecht, qui avait été ouvert en janvier. 188 personnes, des hommes isolés, avaient alors été remis à la rue, sans autre solution.