Crise de l'accueil: ouverture d'un centre de 140 places à Anderlecht
Une semaine après leur évacuation du squat de la rue des Palais, plus de 150 demandeurs de protection internationale sans solution d’hébergement ont rejoint la cinquantaine de personnes qui séjournent en tentes depuis des mois devant le Petit Château. Depuis vendredi dernier, ils sont plus de 200 à camper le long du canal.
Afin de permettre à ces personnes de dormir au chaud et dans des conditions dignes, la Plateforme citoyenne Belrefugees , le Samusocial et la Croix-Rouge de Belgique ont uni leurs forces pour organiser l’accueil de 140 personnes dans un bâtiment situé dans la commune d’Anderlecht depuis mercredi dernier.
“L’ouverture de ce centre en un temps record répond à l’urgence de la situation et à la nécessité de trouver des solutions immédiates, au-delà des questions de compétences et de responsabilités des différents niveaux de pouvoir. Nous réagissons comme nous le pouvons à notre niveau afin de réduire les effets de cette crise de l’accueil qui nous dépasse et nécessite des réponses structurelles conséquentes”. Mehdi Kassou, Directeur de BelRefugees.
“Les personnes aidées chaque jour par nos équipes mobiles devant le Petit Château n’en peuvent plus de vivre dans ces conditions, en bordure de canal, sans toilettes ni sanitaires, au milieu des intempéries et de la circulation, dépendant totalement de l’aide des associations et des citoyens. Il fallait agir vite”. Magali Pratte, Chargée de mission du Pôle Asile et Migration du Samusocial.
Le centre est coordonné par la Plateforme citoyenne pour la gestion journalière, avec l’appui du Samusocial qui affecte du personnel encadrant et apporte un soutien logistique. Une équipe de la Croix-Rouge assure le screening médical des résident·e·s dont certain·e·s sont fragilisé·e·s par leur séjour en rue.
Ces personnes sont accueilli·e·s quelques jours avant d’être orienté·e·s vers un centre d’accueil de l’agence Fedasil qui, nous l’espérons, aura la capacité de reloger rapidement l’ensemble des demandeurs de protection internationale évacués du campement.
“Depuis plusieurs mois, la Croix-Rouge de Belgique travaille de concert avec les autres organisations humanitaires pour soutenir les victimes de la crise de l’accueil. Nous avons pu constater lors de nos nombreuses interventions médicales rue des Palais, lors du screening médical effectué durant l’évacuation de ce lieu, ou encore tous les jours au Refugee Medical Point, combien l’état physique et mental de ces personnes se dégrade de jour en jour. Nous souhaitons contribuer à offrir une réponse rapide mais surtout humaine et digne à chacune de ces personnes”, explique Mélanie Trémel, directrice adjointe de la Croix-Rouge de Bruxelles.
Des solutions urgentes mais temporaires sont laborieusement mises en place par les associations et organisations de terrain. Le public aidé aujourd’hui ne représente que la partie visible de cette crise de l’accueil qui dure depuis un an. Au total, depuis fin 2021, ce sont plus de 3.000 demandeurs de protection internationale qui se sont vu refuser leur droit à l’accueil malgré des milliers de condamnations de l’État belge. Seules des mesures structurelles fédérales permettront d’éviter la reproduction de telles situations à l’avenir.